L'autocensure ? Quelle autocensure m'a-t-on dit...

Un article précédent montrait le réflexe de l'auto-censure des médias anglo-saxons dans l'article sur la partie immergée de l'iceberg l'auto-censure. Ces médias se proclamaient "Charlie" au nom de la liberté de la presse et de la liberté d'expression et ne trouvaient pas contradictoire de présenter des versions floutées des unes de Charlie Hebdo représentant le prophète Mahomet. L'auto-censure au nom de la liberté ! Sans rire.

Mais l'autocensure est plus vicieuse encore. Observons la dernière une du journal satirique Charlie Hebdo parue le 25 février dernier.

Autocensure Charlie Hebdo

Un cabot galopant effrayé en tenant Charlie Hebdo dans sa gueule est poursuivi par une meute de chiens représentant Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, un évêque ou plus probablement le pape, un djihadiste kalachnikov entre les dents, un banquier billets entre les dents, et au loin, un micro de BFM... «C'est reparti!», clame l'hebdomadaire satirique en une de son numéro. Comme l'iceberg, une fois repéré la pointe qui sort des eaux, ce qui importe c'est de deviner la masse cachée, ne serait-ce que pour ne pas s'y échouer. Sur cette une on devine des abscences, du point de vue politique, pas de François Hollande pourtant omniprésent médiatiquement, du point de vue religieux pas d'imam, pas de Mahomet pourtant les représentations clés de toute cette histoire. Du consensuel. Du politiquement correct. Du "pas d'amalgame".
A la manière de ces manifestations flash mob Charlie qui commencent le matin par des mots d'ordre du type "Non au terrorisme islamiste !" et qui finissent le soir par "Pas d'amalgame !". On se demande bien ce qui s'est passé dans la tête des "manifestants" durant cette journée... ou pas. Comme une sorte d'incantation inversée où il ne faut pas dire les choses afin de ne pas les rendre visibles. Les méandres de l'autocensure sont surprenants de ressources.

Bien entendu, on peut justifier ce choix par la volonté d'apaisement, par la précaution d'épargner les innocents de la vindicte, par l'adhésion grégaire, par la peur, c'est normal d'avoir peur pour sa vie ou celle de ses proches. Mais dans ce cas, il ne faut pas jouer à "on n'a peur de rien", "la censure on ne connait pas", "seule compte la liberté d'expression", "on tape sur tout le monde", "Charlie est un journal irresponsable". Pour parler dans le même "ton Charlie Hebdo", le "pas d'amalgame" porté au pinacle ça veut simplement dire "pas de couille".

Sur tes cahiers d’écoliers illettrés,
Sur ta tablette électronique
Et ta langue en béton armé.
Sur les bandeaux d'info BFM TV
Et sur tes couilles coupées,
J’écris ton nom :
Autocensure